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LE 28/30 PLACE JOFFRE : une maison d'industriels

Vous arrivez à la place du Maréchal Joffre avec ses anciennes maisons de négociants et ses impasses de travailleurs de l'eau lorsque le sablar était un port. Qui était le Maréchal Joffre dont la place porte le nom. Il s’agit de joseph Jacques Césaire Joffre est né le 12/1/1852 à Rivesaltes dans les Pyrénées Orientales et mort le 3/1/1931 à Paris. Il a été officier général français pendant la première guerre mondiale. 

 

Le n° 28/30 de la place Joffre attirera votre attention. C’est est une maison typique d’entrepreneurs dont l'aisance et le goût  apparaîssent dans l'architecture ( toit en ardoise, lucarnes, diversités des décorations de façades sur trois étages et décoration sur le toit )

 

 

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lors d’une visite avec l’office du Tourisme, il nous est précisé qu’il s’agit d’une maison de négociant probablement aisé dont la construction a été faite sur plusieurs générations compte tenu des encadrements de fenêtres différents du rez de chaussée au 3° étage et aux lucarnes. Cette interprètation me paraît  étonnante et je décide de faire une enquête plus approfondie. 

En fait ma première démarche est toujours la même pour connaître une maison et ses habitants : consulter le plan cadastral et demander aux services de l’urbanisme de la mairie de Dax la date de la construction de la maison et le nom de l’architecte et  des propriétaires.

Informations données par le service de l’urbanisme :  Il s‘agit de la parcelle 222A1 et la construction date aux alentours de 1907. C’est un immeuble  actuellement habité par des locataires dont la propriétaire est Mme E.D. Maylis née Lafitte.

            Lorsque vous passerez devant cette maison, vous verrez une particularité. c’est qu’elle a subi les aléas des différentes rénovations de la place Joffre et  des numérotations au cours des siècles. A remarquer que sur la porte principale il s’agit du n° 30 mais sur la porte à droite il s’agit du n° 38, probablement parce qu’avant la nouvelle numérotation  il s’agissait des n° 38 et 40 comme cela est indiqué sur le plan cadastral  napoléonien.

            Cette maison, construite par Louis Lafitte représente en partie l’histoire d’une lignée d’industriels. Elle fait partie du patrimoine d’une grande famille du Sablar, les Lafitte dont le nom a été donné à l’impasse qui jouxte la maison de la place Joffre. Il n’est pas question dans cette présentation de faire la généalogie en détail et l’histoire complète de cette famille d’industriels.  Cela mériterait d’exister si cela n’est déjà fait. Mais certains aspects sont à développer pour enrichir la visite du quartier du Sablar dont on disait au début du siècle qu’on allait chezles Lafitte et chez les Laulanné quand on allait au Sablar.

            Au sujet de la maison du 28/30 avenue Joffre, je rencontre Madame H.E… née Lafitte. Elle accepte avec beaucoup de gentillesse et de disponibilité de me présenter le 28/30 place Joffre et le travail de cette lignée d’insdustriels que sont les Lafitte. Mme E.D. Maylis contactée apporte aussi des précisions.

 

« En 1850 le grand père, Louis Lafitte achète une  vieille maison sur la place Joffre pour la rénover.( Nous sommes encore sur le territoire de Saint Paul les Dax car le Sablar ne deviendra officiellement dacquois qu’en mai 1861 sur décison de l’empereur) . Le grand père agrandit l’édifice en hauteur (2 étages + lucarnes). Les pierres de décoration des fenêtres  sur les étages et les lucarnes ont été posées brutes et sculptées sur place, en un seul bloc.  Ce sont des sculpteurs sur pierre, un père et sa fille,  qui ont choisi des motifs différents pour les chaque étages. On peut donc dire que la date de construction de cette maison est inconnue, certainement très ancienne mais qu’elle a été remaniée  aux alentours de 1907. »

  • L’arrière grand père, Jean Léon Laffite était tuilier au Sablar. Il épouse Anna Lagardère dont les parents ont une usine de produits résineux à St Martin d’Aulnay. Il ferme la tuilerie et ouvre une usine de produits résineux au Sablar.

  • .le grand père, Louis Lafitte  était chimiste et faisait des recherche sur les résineux. Sa petite fille, Madame H. E. chimiste elle-même  a encore le microscope de son grand père. Une belle pièce !   

  • Le père, Jean Baptiste Lafitte, a vécu à Bordeaux jusqu’à le guerre de 39/45 puis il est descendu au Sablar pour gérer les affaires de la famille, qui après son décés ont été gérées par sa femme, Marie Lafitte. Il y avait aussi une autre usine à saint martin d’aulnay et à St Geours de Marennes.     

 En 1912 et jusqu’à la guerre, les camions partaient de Dax et on livrait par le port de Bayonne à Londres, Savannah (en Amérique) et en Yougoslavie (Bosnie)  les produits tels qu’essence térébenthine, colophanne, braies. 

Le bureau de l’usine de Dax  se trouvait au 28/30 place Joffre au rez de chaussée de notre maison d’habitation où il y avait aussi le coffre fort, un dépôt de marchandises non périssables, le garage et la conciergerie.  Au bureau, nous avions un comptable très dévoué, Roger L.,   avec lequel j’ai appris le métier de gestion d’entreprise. Quand le coffre-fort était ouvert, il toussait en disant « il y a du courant d’air » ! je m’en souviens encore.Il est resté chez nous jusqu’à 80 ans.  Le rez-de chaussée était un grand espace où j’ai le souvenir de la fête de mon mariage avec dames en robes longue et messieurs en habits.

Au premier étage vivait les grands parenst où le grand père avait un lobaratoire pour développer ses photos. Au deuxième étage vivaient les parents et leurs enfants. Au troisième étage, il y avait les chambres du  personnel de maison et leur salle de bains, un débarras et le grenier. Pendant toutes ces années jusqu’à la guerre, notre famille avait beaucoup de travail  dans la fabrication de produits résineux. C’était aussi l’époque où la vie relationnelle et  les réceptions étaient nombreuses. Les dames de la bourgesoisie avait leur jour de réception où avec des petits gâteaux et sans rendez-vous, elle accueillaient leurs amies.En 1938, nous avons faits construire un lotissement de 7 maisons ouvrières – en location - non loin de l’usine. Elle se situent actuellement autour de l’impasse des tonneliers où se trouve aussi quelques restes de l’ancienne fabrique de barriques de colophane qui étaient différentes des tonneaux pour le vin dont la famille de Max Moras négociant en vin avait un chai sur la place du Sablar En 1968, L’usine de traitement de la résine a été fermée et les ouvriers n’ont pas été licenciés comme il arrive de nos jours bien souvent. Ils ont tous été aidés à retrouver du travail ailleurs, aux alentours dans différentes branches professionnelles.En 1988, la totalité de nos archives des usines de produits résineux ont été confiées aux Archives Départementales de Mont de Marsan.Beaucoup de choses ont changé lors de la construction de la gareet de l’arrivée du train à Dax. Avant nous étions habitants de Saint Paul puis nous sommes devenus habitants de Dax lorsque Dax a annexé le Sablar. Nous nous sentons bien des deux côtés . Les Lafitte ont leur tombe au vieux cimetière de Saint Paul les Dax. Il y a aussi à Saint Paul, un lotissement créé par Ferdinand Puyau, mon oncle, époux de Marie Thérèse Lafitte sœur de mon grand père. Lorsqu’il a fallu nommer les nouvelles rues crées dans le lotissement, il a a été donné les noms de ses filles, Camille, Suzanne, Marcelle et de sa femme Marie (Lafitte » Ces rues existent toujours à Saint Paul les Dax.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour saisir à quel point, les Lafitte ont  transformé l’aspect du sablar et la vie de ses habitants, il suffit de prendre connaissance de documents aux archives de la mairie de Dax.

“…Mai 1939 – Madame EXSHAW née Lafitte demande de bâtir un lotissement  sur son terrain privé pour la location d’immeubles - le directeur du bureau d’hygiène  - après avoir examiné les divers genres de construction que Madame Exshaw se propose de faire bâtir au quartier du Sablar dit “cité Lafitte” considérant que les travaux d’hygiène et de voirie amélioreront l’aspect du quartier et les conditions d’habitation pour ses occupants -  donne un avis favorable.

Délibération du conseil municipal : Madame Exshaw née Lafitte se propose d’édifier une dizaine d’immeubles et 3 garages. Ce projet améliorera tout un quartier déshérité.

La cité Louis Lafitte aura 10 constructions (18 logements et trois garages) 6246 m2 – 1320 m2 de voies en bordure de l’Adour – au sud bordé par l’avenue des Tuileries (anciennement avenue de Strasbourg – à l’ouest avenue jules bastiat et propriété Bastiat – au nord usine de Mr James Exshaw – à l’est par diverses propriétés -sol et sous sol sont constitués par du sable (apport de l’Adour). Le terrain est très ferme.

L’ensemble des constructions projetées ne peut que concourrir qu’à l’extenson de la ville. La partie du terrain sur laquelle on se propose d’édifier des constructions est occupée par un ensemble de constructions vétustes et de constructions neuves en bordure de l’Adour face à l’établissement des Baignots. Cela embellira le quartier.

La route actuelle desservant l’usine de Mme Exshaw sera en partie conservée mais sera rectifiée pour devenir rectiligne.

C’est l’embellissement certain du quartier mais il faut régler la question des travaux de voirie, trottoirs, évacuation des eaux, arrivée du gaz, branchements électriques, branchements eau potable. La ville va faire construire les routes et faire installer les canalisatons nécessaires contre le paiement par Madame Exshaw de 65 000 F représentant le montant du devis dressé par la voirie. 

Le conseil municipal approuve le projet de Madame Exshaw. Il  autorise monsieur le Maire à signer avec Madame Exshaw le traité réglant l’aménagement des 3 routes qui se raccorderont à l’avenue de Strasbourg et vont desservir les immeubles que cette dame doit construire quartier des Tuileries avenue de strasbourg.

 Juin 1939

Il est organisé une enquête commodo et incommodo par la mairie. Jean Biraben est le commissaire enquéteur chargé par le maire d’enquêter sur le projet de lotissement présenté par Madame Exshaw née Lafitte au sujet d’un terrain lui appartenant rue de Strasbourg quartier du Sablar = avis favorable pour l’adoption du projet.

La mairie de la ville de Dax émet un avis d’approbation à la demande de lotissement présentée par Madame Exshaw : surface totale du terrain 6246 m2 – surface totale des rues 1320 m2

Août 1939

            La propriétaire des terrains déclare ne pas avoir l’intention de vendre lesdits terrains ni les constructions qui y seront édifiées. Elle se bornera à effectuer des opérations de location. L’entretien des voies est à la charge de la lotisseuse jusqu’à l’incorporation des voies dans le domaine public…

1940 - Un contrat est étable entre la ville de Dax et Madame Exshaw. Il stipule la propriété des routes terminées par la ville de Dax sur le lotissement Exshaw sera transmise à la ville qui en prendra la charge et l’entretien. La ville y fera établir l’éclairage public et procédera à l’enlèvement des ordures ménagères…

 Le préfet approuve la construction de la cité Lafitte”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

lotissement exshaw/cité Lafitte

 

 

En passant dans l’avenue des tuileries , non loin de l’impasse des Tonneliers vous ne pourrez pas ne pas penser à cette longue histoire de la famille Lafitte qui avec quelques autres familles,  a fait le développement du quartier du Sablar. 

 

 

 

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