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LE 2 AVENUE DES TUILERIES : LA MAISON AUX VOLETS BLEUS

                                                                                                                                                                    LA MAISON DES PORTEURS D'EAU

 

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                    l'image change toutes les 15  secondes

                                

Au 2 avenue des Tuileries, une maison aux volets bleus se distingue parmi les autres. Son architecture fait penser qu’elle est ancienne et comme toutes les maisons anciennes, elle a une longue histoire de la vie et du travail de ses habitants successifs et beaucoup de charme.  D’après les informations données par la guide de l’office du tourisme lors d’une visite du quartier, ce serait une ancienne maison de négociant,  sur 3 côtés et à la fois sur la place Maréchal joffre, la rue des tuileries et la place du sablar. Les maisons de négociants au sablar se distinguent par leur construction en 3 niveaux : au sous sol on mettait les marchandises qui résistent à l'humidité et à l’inondation de l’Adour; au rez de chaussée était l'habitation principale  et on mettait à l'étage les denrées périssables où pouvaient se trouver aussi  les  logements des employés .

           Mes visites fréquentes au  quartier du sablar pour tester les différents circuits de promenade à pied m’ont souvent ramenées devant cette maison. Aussi, j’ai voulu en savoir un peu plus. La première démarche que je fais lorsque je veux connaître une maison et ses habitants, c’est de demander au service Urbanisme de la mairie la date de construction de cette maison et quelle en est le propriétaire. ? Réponse du service de l’urbanisme : Sur le plan cadastral, cette maison porte le n° Ai 116. Elle daterait de 1750 et son propriétaire est Mr S… La deuxième démarche  est de contacter le propriétaire de la maison, afin de lui demander s’il veut bien me recevoir pour parler de sa maison. Monsieur S... est d’accord et je lui en suis reconnaissante.  Compte tenu de son âge, il a beaucoup de souvenirs de sa maison et du quartier. Je me réjouis d’apprendre beaucoup de choses.

          Tout d’abord Monsieur S... est étonné  et me dit que jamais personne n’est venu lui poser des questions sur sa maison.  C’est dommage ! Il pense que je suis un peu « poète » car ses préoccupations à lui sont me dit-il plus réalistes. Bien que l’entretien d’une telle maison soit un souci financier constant, il est heureux d’habiter cette maison. Il me fait visiter la grande terrasse,  où  les rejetons d’une glycine ont pris le relais d’un gros et vieux tronc desséché.   Il me fait admirer le paysage, ensoleillé de cet automne :  devant nous, l’avenue des Tuileries, puis l’Adour (un peu grossi à cause des pluies torrentielles de ces dernier jours), le pont et en face la rive gauche de l’adour avec l’hôtel splendid, les thermes, le casino et plus loin, la promenade des baignots. C’est un enchantement.

           Monsieur S. présente sa maison : Elle est située au 2 avenue des Tuileries qui avant la guerre s’appelait avenue de Strasbourg.

 

La famille FROMENT-CADRAY

 

            Avant l’année 1916, cette maison était la propriété de la famille Froment-Cadray, une famille bourgeoise ayant comme activité la commercialisation de l’eau potable par des porteurs d’eau employés par la famille et logés tout en haut de la maison. Il y a encore sur les murs du grenier  des noms et prénoms d’employés, porteurs d’eau. Il y a à la bibliothèque de l’hôpital, un document où cette maison est appelée : la maison des porteurs d’eau. Vous voyez cette statue, qui n’a ni signature ni nom, c’est un porteur d’eau. (c’est une magnifique statue en bronze d’à peu près 75 cm de haut) Pendant 50 ans mon père ne m’a jamais parlé de cette statue. Et puis, quand j’ai su que cette maison s’appelait « la maison des porteurs d’eau » j’ai pensé que ça avait un lien. Peut-être ce sont les employés des Froment-Cadray qui l’ont offert à leurs employeurs. Cela se faisait autrefois que les employés contents de leurs patrons faisaient un cadeau à l’occasion de fêtes ou de départ.  J’ai retrouvé aussi ce petit cadre avec deux femmes, vêtues de façon bourgeoise (année 1875-1900) avec des bijoux en or. Peut-être des personnes de la famille Froment-Cadray.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

 

 

 

 

 

 

vous remarquerez tout son outillage, les tenailles dans la main gauche, le gobelet à la taille et la cruche sur l'épaule. C'est une sculpture très suggestive - en bronze à patine nuancée brune et verte - faite par Jean Didier DEBUT (1824-1893) sculpteur de l'école française. L'épreuve à la cire a été perdue - Le bronzier était Charles Gauthier de Bordeaux

 

         

Dans les années 1870, cette famille Froment-Cadray avant une maison de campagne à Saint Vincent de Paul, sur l’ancienne route de Mont-de-Marsan,  à main droite juste après le terrain des postes. On reconnaît  la maison à son grand portail en fer forgé de couleur bleue. 

          Dans la cathédrale de Dax, à l’autel de la Vierge, il y a un vitrail de la Sainte Famille – où l’on voit l’enfant Jésus – qui scie du bois ; ce vitrail  a été fait avec des fonds de cette famille dont le nom doit figurer dans le bas du vitrail. Dans le grand cimetière de Saint Pierre, dans l’allée principale, côté gauche, un peu avant le monument central, il y a une petite chapelle (à l’abandon) c’est le caveau familial des Froment-Cadray. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           

 

 

 

 

 

 

                                     

 

 

 

 

 

Les dames Froment-Cadray ?                                                        vitrail visible dans la cathédrale de Dax à l'autel de la Vierge offert par Mme Froment-Cadray. C'est

                                                                                                                                             un vitrail très réaliste de la famille de Joseph : Marie coud, Joseph répare une scie et Jésus s'essaye

                                                                                                                                             au métier de charpentier. Le  maitre verrier était Dagrand de Bordeaux qui a fait des vitraux pour St

                                                                                                                                             Pierre de Rome. (Photographe  Marc Mauhourat  http://www.panoramio.com/user/6821834

 

Qui était dans la maison  avant les Froment-Cadray ? je ne sais pas mais on peut peut-être retrouver cette histoire à Saint Paul les Dax puisque le Sablar était Saint Paulois avant de devenir Dacquois.  On peut aussi  pour mieux connaître les Froment- Cadray, consulter les mairies de Saint Vincent de Paul.

 

LA FAMILLE  S...

 

            Après l’année 1916, cette maison devient la propriété de ma FAMILLE par tirage au sort devant un notaire entre deux sœurs, ALICE et MARIE et un frère EDMOND industriel, de Magescq. Le sort désigne ALICE qui a environ 33 ans, qui est mariée depuis 1890 avec Monsieur S... notaire à Soustons. Ce sont mes grands-parents. Il faut signaler que la maison avec la terrasse - qui porte le n° 15 rue place Joffre et qui se trouve au dos du 2 avenue des Tuileries – n’a rien à voir avec  le 2 avenue des Tuileries bien qu’il y ait une seule et même toiture pour les deux maisons.  Ce sont deux maisons différentes. Mais mon grand père pour « être tranquille » a fait l’acquisition de cette maison pour avoir un ensemble complet de logements qui étaient loués. Il y a eu en particulier un architecte qui a fait construire son bureau sur la terrrasse. Il s’appelait Monsieur Alfred LEVANNIER. Il a construit en particulier à Dax,  l’hôtel MIRADOUR (aujourd’hui détruit) , le grand immeuble contigu de ma maison qui abritait le comptoir national d’escompte de Paris (son nom est gravé dans la pierre côté de la place Joffre)  et une maison de style anglais, a un étage, dans le bas du boulevard Carnot. Il a construit aussi – en 1908 -  la salle des fêtes de Soorts, près d’Hossegor. Une allée longeant le casino de Dax  porte son nom.

                                                                                         

                                                                                             

 

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1934, mon père, lui aussi, revient de Paris et obtient du juge que le locataire quitte l’appartement. Il se marie en 1935 et je suis né en 1936. Notre famille occupe cette maison depuis cette date, sans discontinuer. Nous sommes des gens simples.  Ma mère était brodeuse comme beaucoup de femmes à son époque, qui étaient brodeuses ou couturières. Mon père était agent d’administration. Nous avons subi la grande inondation de l’Adour en 1952. L’eau arrivait à la première marche de notre terrasse  et bien sûr les caves étaient inondées. Actuellement, notre appartement comprend 5 pièces et le reste de l’ensemble de la maison est occupé par des locataires.

- Votre maison a de magnifiques volets bleus et elle donne une touche « joyeuse » dans l’ensemble des habitations, en autour qui sont dans le beige et le marron. Est-ce que cela a une signification ? 

- non, j’aime le bleu et c’est pour cela  que les boiseries sont en bleu. Avant,  du temps de mon père, elles étaient vertes.

          Le sablar est un quartier ouvrier, travailleur et qui a  beaucoup fait pour Dax au moment où il était un port. Il y avait un ferrailleur, LUSSAN-TARIS à la place du cinéma actuel,  une entreprise qui traitait la résine (ETSHAW) et les usines LESPES.  Je connais la famille EXSHAW, dont Madame Hélène E... habite encore le Sablar. C’est une famille d’insdustriels qui a habité au 28/30 place Joffre, une grande et belle maison . Avant la famille EXSHAW c’était Monsieur LAFITTE qui a géré une entreprise de transformation de résine. Mon oncle, Monsieur LACOSTE Roger a été employé par Monsieur Lafitte et y a travaillé jusqu’à sa retraite en qualité de comptable. Ces familles étaient de bons employeurs et respectueux comme on n’en rencontre plus aujourd’hui. Il y avait les travailleurs du port, les transporteurs de bois, de pierre avec leurs chariots et leurs mules ou bœufs. Il y avait les négociants du bois qui se retrouvaient au bar de la Bourse. C’est là que se discutait le prix du bois. A côté du Bar de la Bourse, il y avait une maison bourgeoise où habitait Melle Largeteau. Elle recevait un courtier, Mr Régnier qui s’occupait de ses affaires. Un jour, elle lui dit  « j’ai un tableau que je veux vous laisser en héritage. Ce n’est pas grand chose mais il n’est pas mal » Elle est morte sans faire de testament. La famille a hérité du tableau qu’ils ont fait expertiser. C’était un Goya qu’ils ont vendu au musée du Prado en Espagne. N’étant pas de Dax, ils ont aussi vendu la maison qui quelques années plus tard a été remplacée par l’immeuble « LE GOYA » qui fait l’angle avec la rue saint Vincent de Paul et la place du Sablar./place Joffre. Et voilà pourquoi l’immeuble s’appelle « Le Goya » !

          Aujourd’hui, malgré les constructions des années 1935 et de 1960, c’est un quartier oublié et inondable. Alors on ne peut plus construire ni installer des habitations. Un exemple que tout le quartier connaît. Un vétérinaire voulait installer sa clinique au rez de chaussée de la Résidence des Tuileries, mitoyenne de ma maison. Mais il n’a pas eu l’autorisation car c’est une zone inondable. On peut seulement faire des parkings. C’est d’ailleurs ce que deviendra le rez-de chaussée de la résidence des Tuileries qui autrefois a abrité une chapelle privé où allait les gens du quartier. D’ailleurs déjà avec la construction de la passerelle - entre les rives droite et gauche de l'Adour - et les parkings de la ville qui sont devenus payants, on voit de plus en plus de voitures sur le parking de la place  Joffre.  Et puis, il y a très peu de boutiques. Ce n’est pas un quartier attrayant pour les dacquois et les curistes, bien que de plus en plus on remplace les maisons et espaces insalubres par des jardins de verdure et des habitations correctes.

- vous pensez qu’il faudrait que la ville de Dax et l’office du tourisme fasse mieux connaître le quartier et ses habitants. ?

- oui, ce serait bien.

 

            Ensuite, Monsieur S... m’amène à l’extérieur,  sur la place Joffre, voir la signature de LEVANNIER sur la résidence des Tuileries, voir l’arrière de sa maison qui est d’une architecture différente de la façade principale côté Adour, voir la maison de la famille EXSHAW et me montrer la fenêtre au rez de chaussée à gauche de la porte d’entrée où son oncle a été comptable tout en me disant :

-essayez de rencontrer Madame Hélène E.... Elle est susceptible de vous communiquer des renseignements sur le vie commerçante du quartier ! 

 

Profitez de votre passage sur la place Joffre pour aller chiner au magasin équitable de vêtements (s'il est ouvert)  et pour acheter un chausson aux pommes chez la boulangère qui est là depuis 60 ans.. Vous verrez la façade rénovée de sa maison dont elle cherche à connaître la date de construction

Je sens qu’elle et sa fille sont fort interessées par cette recherche des origines et des ancêtres. Elles me parlent de la chapelle où la petite fille a fait son baptême, de la famille EXSHAW/LAFITTE, une famille qui a fait beaucoup pour le développement du Sablar  par leur usine et en faisant construire un lotissement appelé le lotissement EXSHAW/LAFITTE.

 

vraiment je vous souhaite d'avoir le même accueil que ce que je reçois quand je me promène dans le Sablar. Pour cela, il faut ne pas craindre d'engager la conversation avec les habitants.

 

 

 

 

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