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Les mules

 

“Les mules sont intelligentes et obéissantes, il ne leur manque que la parole” C’est ce qui disait Robert Etchart, muletier à Soustons. Issues du croisement entre un âne et une jument,  elles ont les qualités et les défauts de leurs “deux parents”

 

            A partir du livre “les Mules – les éleveurs de mules et les muletiers de charrois à Soustons”  (bibliothèque municipale de Saint Paul les Dax), ces quelques témoignages de muletiers  feront mieux comprendre l’importance de ces animaux dans la vie paysanne .

“… il y avait  un ensemble de professions autour des mules : deux genres de muletiers,  les muletiers-éleveurs et les muletiers de charrois (transports de bois, sable, graviers, pierre, poteaux) sans oublier les maquignons qui servaient d’intermédiaire entre les vendeurs et acheteurs,  (dans les nombreuses foires aux mules dont celle très importante de Dax), les maréchaux-ferrants, les charrons (constructeurs de charois ”Lous Bross”), et les selliers.

 

            Les charrons de Magescq achetaient les essieux, les cercles de fer, les moulades du joug etc.. chez Luzan-taris, Lespès, Dussarat à Dax.

 

            Les selliers rivalisaient d’idées pour parer les mules utilement et joliement. »…Tout attelage, mules ou juments, éecessitait unéequipement et un harnachement ne serait-ce qu'un simple licol en chanvre ou en cuir, pour Ie conduire à l'abreuvoir :« la tosse ou la tausse ». Avec Ie licol les mules portaient des colliers en bois avec certaines parties en fer, tèes lourdes, rembourrées de crin à I'interieur, afin de ne pas les blesser. Par temps de pluie, autrefois, elles étaient protégées par une peau de mouton ou de chèvre teinte en bleu marine. Ces peaux recouvraient Ie dos de la mule à I 'aide de courroies fixées sur le bois et, en cas de grosse chaleur, on les roulait. L 'été, les mules portaient « Ie Paillat » sur Ie dos et la croupe et la tête était protégée des mouches par un genre de rideau, « la Mousquère », nom donné dans les Landes et qui étaient fabriqées en prison par les détenus. « Les Paillats » étaient faits par les selliers après avoir pris les mesures de la bête : ils étaient en toile de fil à carreaux, genre d 'écossais aux couleurs vives qui se fanaient vite au soleil, terminés par des franges en ficelle portant des pompons rouges. Robert Etchart raconte que du temps de son père, le Paillat etait en grosse toile de jute et les franges etaient fabriquées avec des brins de raffia. La garde-robe des mules comprenait aussi des toiles imperméables très épaisses, souvent de couleur verte (contre la pluie) et des couvertures rugueuses de grosse laine beige à rayures marrons (contre le froid). Toutes ces toiles, couvertures, Paillats etaient maintenus par des sangles. II ne faut pas oublier les guides en corde et le fouet que tout muletier savait si bien faire claque. Le manche, assez mince, est en bois de houx et au bout de la corde ,plutôt longue, pend une petite ficelle fine... Autrefois, quelques muletiers agrémentaient les colliers de grelots qui tintinnabulaient joyeusement au rythme du pas de la mule, faisant une plaisante musique surtout dans la traversée des bourgs quand se suivaient 4 ou 5 attelages. Lorsqu'ils devaient se rendre au village, les muletiers paraient les bêtes du Paillat et de licols neufs gardés en réserve pour cette occasion. Ils étaient fiers de leurs attelages surtout s'ils avaient de belles paires de mules »

 

            les muletiers de charrois (pour le transport des marchandises)  gardaient leurs mules 6 ans jusqu’à ce qu’elles soient rasées, c’est-à-dire qu’elles aient perdu toutes les dents d’en bas. Comme pour les chevaux, on connaissait l’âge des mules à leur dentition. Des muletiers de charrois témoignent :

“…à la différence des juments, les mules tiennent de l’âne. Elle sont tétues et ne se découragent pas. Elles essayent à 2 ou 2 reprises de tirer la charge, jamais elles n’abandonnent” (René Soubestre)

“…pour les chargement, elles faisaient la moitié du travail avec une précision étonnante, obéissant à ma voix… les mules ont bon caractère, elles sont dures au travail, résistantes et endurantes. Tu es vraiment obligé de les aimer et de bien les soigner… Je les aimais et elle me le rendaient bien. Un jour d’hiver par un très grand froid, alors que l’orage tonnait et que la grêle tombait, une des mules ne voulait pas avancer, elle avait peur. Je la regardais intensément… elle pleurait. Je l’ai calmée et rassureé et l’attelage est reparti. C’est terrible de voir pleurer une mule” (Robert Etchard)

 

            Les maquignons et les éleveurs - Les mules bien soigéees étaient donc recherchées. Elles etaient grasses, le poil brillant et bien lustré, sans défaut ou tare apparente. Dès l'arrivee des wagons à Dax amenant les mules de la Drome et du Poitou, , un grand combat commençait entre le maquignon et l'éleveur . II s'agissait de discuter sur la remise que ce dernier devait recevoir à l 'échange, c'était « la toume ». II fallait parfois plusieurs jours pour se mettre d 'accord et il arrivait que  l'éleveur change de maquignon, mécontent de la transaction, aucun des deux ne voulant céder. Les meilleurs éleveurs avaient Ie droit de choisir les mules  à l'arrivee du wagon, cela se passait également dans le cas des pouliches... Mais il ne fallait pas lésiner sur les rations de maïs, «lou picouting » et donner du bon fourrage...Chaque maquignon connaissait les mules qu'il avait placées chez les eleveurs, il les visitait de temps en temps ou il en avait des échos surtout si elles n'étaient pas en bon état. En plus de la nourriture, le paysan-éleveur étrillait et brossait ses bêtes quotidiennement. En principe, le dimanche matin, au cours de la conduite à la Tosse (l'abreuvoir), il procédait à une toilette générale et, de temps en temps, à l'aide d'une palette rougie au feu, il brûlait les crins de l'encolure et du haut de la queue. Lors d'une visite entre voisins ou parents, après un. changement d'attelage, les plus connaisseurs avaient une canne-toise et mesuraient la taille des mules à hauteur de garot. Cette toise permettait de suivre la croissance des bêtes. Les grands éleveurs étaient des paysans avisés et ils n'aimaient pas se faire rouler aussi ils se méfiaient des maquignons mâdres et connaisseurs et ils se respectaient entre eux car ils savaient avoir besoin les uns des autres.

En souvenir de tout le travail accompli par les mules pour aider les humains à développer Dax et son quartier du Sablar, un hommage est rendu à ces animaux qui ont été remplacés par les camions et les tracteurs à partir des années 1950.

Des animaux très utiles :  les mules et les boeufs

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