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LES PORTUGAIS AU SABLAR

Lors de vos visites du Sablar et de Dax, vous rencontrerez des personnes d'origine portugaise. Il y a dans la ville une forte communauté de portugais qui ont oeuvré depuis de nombreuses années au développement de la ville. Les premiers portugais sont venus très tôt à Dax. La société de Borda dans un de ses bulletins  (69,1945,3-17) parle des portugais de Dax venus entre 1600 et 1750, probablement des juifs portugais qui fuyaient les persécutions. 

 

 

 

                                  En vous promenant, vous ne pourrez pas manquer

                                  l'alimentation fine "chez viola" - spécialités portugaises

                                 dans l'avenue Saint Vincent de Paul, au rez-de-chaussée

                                 d'un immeuble ancien où vous trouverez avec tout son     

                                 assortiment de bons vins, de fromages et de gâteaux

                                 venant du Portugal

 

 

 

 

Monsieur le consul honoraire  du Portugal à Dax,  Vincent Jean Marie BANCONS témoigne  de l'arrivée et de la vie des portugais à Dax et dans la région.

 

"Les portugais sont arrivé à Dax vers 1960 compte tenu de la situation politique (dictature)  et militaire au Portugal à cette période qui a été marquée en 1974 par le désengagement militaire en Angola. Beaucoup de jeunes ont fui, c'est-à-dire ont déserté. Ils étaient sous la contrainte de la P.I.D.E. (police politique) qui dénonçait et envoyait n'importe qui en prison. Ensuite au niveau social il n'y avait ni protection sociale ni cotisation retraite. C'était donc la misère. Il y a eu environ 2000 émigrants

En France, à cette époque, il y a un grand développement. C'était ce qu'on appelle "les 30 glorieuses". Dax avait besoin de main d'oeuvre surtout pour les nouvelles constructions d'immeubles et d'HLM (les HLM Lespès on été montés par des portugais). L'arrivée des portugais à Dax a été aussi un hasard; au début, ce sont les hommes et les pères de famille qui sont arrivés, puis une famille est arrivée et à ouvert l'arrivée à d'autres familles.

Beaucoup de portugais sont venus (à Dax et à Saint Paul lès Dax) d'Amarès qui est un canton du district de Braga et des régions du Nord du Portugal.  C'étaient surtout des enfants de paysans qui sont devenus manoeuvres, puis maçons ou tuiliers. Une communauté d'entre eux habitaient au Sablar, au niveau de l'avenue des Tuileries après le pont de chemin de fer  et il y avait aussi une cité ouvrière - au niveau de la Sietam - dont la majorité des portugais venaient de Guardia. 

Après quelques années, certains portugais ont ouvert leur entreprise de maçonnerie et on construit leur maison

Il n'y a jamais eu aucun problème avec l'immigration portugaise. Les premiers arrivants (première génération) étaient bien intégrés. Il reste encore quelques personnes de cette première génération. Ceux qui décèdent font rapatrier leur corps au Portugal.

La 2° génération est française ou a une double nationalité. Cette génération a souffert de l'aspect "bruyant"  des "bonnes espagnoles". Il ne fallait  pas parler portugais dans la rue et on marchait devant les parents. Beaucoup d'entre ces jeunes ont abandonné la langue.

Aujourd'hui, je gère au consultat la troisième génération de portugais installés à Dax et dans la région.

Actuellement  le Portugal est dans une phase économique délicate et souffre de la finance, des banques et de leur taux variable (subprimes) et de l'ouverture à l'Union Européenne. Une nouvelle émigration est donc en place. Les jeunes et surtout les jeunes diplomés retournent travailler dans les anciennes colonies : Angola, Macao ou au Brésil. Au Portugal actuellement, il n'y a plus de matière première;  les manufactures sont parties.

Le paradoxe est que grâce à l'ouverture des frontières et d'excellentes conditions d'accueil (au niveau des impôts), ce sont maintenant des retraités français qui viennent s'installer au Portugal . Aussi certains portugais se demandent si le Portugal va devenir la maison de retraite de l'Europe !

Mais on peut être optimiste pour l'avenir du Portugal. Les portugais ont toujours montré dans l'histoire  qu'ils savaient "rebondir" comme l'on dit en langage moderne. Pour avoir des nouvelles de ceux d'entre eux qui vivent à Dax, dans les Landes et en France, voici quelques liens :

L'association Estella de Fatima - 33 rue des abeilles 40100 Dax -Monsieur Rodrigues 06.88.16.05.33

L'association franco-portugaise de l'agglomération de Dax  (AFPAD) 16, avenue des Tuileries, 40100 Dax

06.85.32.73.16. Cette association organise la fête des oeillets chaque année fin avril (26 avril 2014) avec un repas et une soirée dansante.  Elle organise aussi un vide-jardin aux halles de Dax. (https://www.facebook.com/dax.afpad?fref=ts)

http://www.portugal-luso.eu/fr/00017_consulats/00139_consulat-du-portugal-dax_40100_dax.html

http://www.portugalvivo.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alfredo C..., venu à Dax à l'âge de 7 ans nous offre quelques uns de ses souvenirs :

 

           Les premiers portugais sont arrivé au Sablar  vers 1950/1960. Ils étaient tuiliers, maçons;  ils construisaient les routes. Ces portugais venaient principalement de deux régions du Portugal : de Braga et de Guarda qui étaient des régions pauvres de montagne.

            Ils sont arrivés seuls et étaient pour la plupart logés – au Sablar - dans un baraquement ,  non loin du bar “chez Monique” dans des chambres communes dont les lits étaient séparés par des rideaux. Le bar “chez Monique” était leur “quartier général” ! Il y avait aussi des portugais à Cuyès dans les Salines et la construction. Ils étaient logés dans des petites maisons  construites parles Salines pour le personnel.

            La France était un rêve de vie meilleure et  ils voulaient faire vivre leur famille restée au pays.  Il faut préciser que ceux qui sont venus étaient pauvres et illétrés, mais aussi solidaires, généreux et travailleurs. D’ailleurs, aujourd’hui certains,  ont construit leur maison. Mon père a fait plusieurs métiers depuis son arrivée en France pour nous faire vivre et en fin de carrière il travaillait dans un établissement thermal comme chauffeur et homme d’entretien.

            Petit à petit, pour certains, leurs familles sont venues tout d’abord pour des vacances puis définitivement. Je me rappelle mon arrivée en 1970  à 9 ans à Hendaye. Après un long voyage en train et une panne qui a retardé notre voyage, avec ma mère et ma soeur nous sommes arrivés tard à Hendaye. De l’autre côté de la voie, mon père nous aperçu, il a fait de grands signes et nous a appelés. Nous étions si contents que nous avons traversé la voie et que nous ne sommes pas passés devant la douane. C’est encore un souvenir bien présent.  En plus, je suis arrivé un dimanche et c’était la fête du Sablar. Pour moi c’était “le paradis”, la joie, la fête. Un magnifique moment.

Plus tard, Il y a eu un mélange des portugais venus de Braga et de Guarda et des mariage entre les familles.

            Au sablar, à cette époque, à la place des tennis, il y avait des barthes (prairies inondables)  et une ferme (la ferme B… )et quelques jardins  cultivés par des portugais. Madame B… y avait une fonderie

            Entre 1970 et 1973 j’allais à l’école du Sablar qui se trouvait au milieu de l’avenue Saint Vincent de Paul à la hauteur de la rue du Cap dou poun.  Il y avait beaucoup de commerces, des petites industries surtout dans l’avenue Saint Vincent de Paul :

- alimentation, bar (beaucoup de bars et beaucoup de monde au bar chez Raymonde) , restaurant, cycliste, entreprise de mazout, coiffeurs, librairie, quincaillerie, cordonnier, vendeur de ferraille, marchand de café, hôtels, auto-école (où les portugais passaient leur permis de conduire), le marchand depommes de terre, Mr F…, le loueur de chambres, Mr G…,  la droguerie D…,  la boucherie-charcuterie,  le marchand de café, un magasin où on fabriquait des sotres et des selles de cheval en cuir. 

 

J’ai quelques souvenirs très marquants de cette époque :

- le bar de la Bourse, au début de la rue saint vincent de Paul vers l’Adour où se retrouvaient non seulement beaucoup de mes compatriotes mais aussi les négociants  qui discutaient du prix des bois; C'était une bourse très renommée jusqu'à Atlanta en Amérique.

-  les odeurs de la rue, l’odeur du café lors de la torréfaction emplissait toute la rue, les odeurs de l’épicerie  UNA(vaisselle, savons, ) et les sauces au détail;

- nos promenades de fin de semaine où nous allions voir, à pied, des amis, aux Salines de la Torte, depuis le Sablar. On traversait tout Dax.

Je me rappelle aussi du  lavoir où les portugais venaient laver leur linge. D’ailleurs au Sablar il y avait de l’eau chaude à tous les coins de rue et des canalisations amenaient l’eau chaude dans les maisons. Ce devait être l’eau des sources thermales. Je me rappelle que de la fumée sortait des bouches d’égout pendant l’hiver. C’était impressionnant !

- il y avait aussi les routiers de chez C… avec leur gros camions qui faisaient des manoeuvres acrobatiques. Avec les copains,  on pariait qu’ils accrocheraient le robinet d’eau lors de la manoeuvre… et bien non … ça passait.

- il y a aussi une impasse qui était renommée; c’était l’impasse Saint Vincent de Paul que l’on appelait l’impasse “chez charlotte”  (il y a encore une tête de cheval sur la façade). Cette maison où l’on pouvait boire un coup, était fréquentée par les muletiers qui venaient de décharger sur le quai du sablar ou qui attendaient un chargement.  Au bout d’un moment, queques uns étaient ivres (de fatigue et d’alcool) mais les mules qui ont le sens du retour à l’écurie, ramenaient à la maison, le muletier endormi dans sa charrette. C’était un lieu qui posait question  et où il y avait des descentes de police. Mais je ne sais pas pourquoi.

 

Les portugais ont eu l’envie de se retrouver dans des associations et dans le sport. Une équipe de foot existe depuis 40 ans.

 

La vie a beaucoup changé depuis tout ce temps. Aujourd’hui j’habite à la limite du Sablar, à Saint Paul les Dax. Mais ma vie est au Sablar.  Je travaille dans une grande enseigne de voiture.  Bien sûr le Sablar s’est construit et modernisé; la rue saint vincent de paul a été rénovée mais a-t-on vraiment pensé aux habitants de ce quartier ?

Il y a  plus de voitures et moins de monde pour cause de manque de stationnement pour les voitures.  Les commerces ferment car les clients ne trouvant pas à se garer  vont ailleurs. En plus le développement des hypermarchés a fait mourir le petit commerce.  Et puis la société a changé et les gens sont devenus plus individualistes. C’est une autre vie.

 

 

En écoutant le récit passionnant de Alfredo C… , je ne peux m’empêcher de penser qu’il serait dommage que le Sablar – même rénové -  devienne un quartier dortoir, une quartier parking (surtout depuis que les parkings du centre ville sont payants) ! Il serait temps que l’histoire de ce quartier – passée, présente et future -  soit écrite par ses habitants qui ont beaucoup de choses à dire.  Il serait temps qu’ils soient écoutés. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                               

 

le rond point des oeillets au sablar de Dax en souvenir de la révolution portugaise appelée révolution des oeillets

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