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LES BATEAUX SUR L'ADOUR

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La navigation fluviale est une de ces grandes activités qui assure depuis toujours la vie des hommes et des nations. Sous les romains, le sablar était un lieu de passage vers l'Espagne et Bordeaux. En 476 après la chute de Rome et jusqu'au XV° siècle, c'est la longue période silencieuse et belliqueuse du Moyen âge où se fait  quand même - par le sablar - le transit des produits des forêts de pins éparpillées dans les landes marécageuses l'hiver et sêches l'été.  L'activité portuaire de Dax-Sablar s'est développée au XIXème siècle. 

 

"C'est un centre commercial fondamental pour l'économie dacquoise. C'est sur la place du Sablar (aujourd'hui place du Maréchal Joffre) que se tiennent depuis de siècles des importants marchés aux vins. Une partie des berges est dédiée à I'activité portuaire. Le lien entre la ville entourée de remparts et Ie quartier du Sablar est assuré depuis l'Antiquité par un pont enjambant la rivière. C'est au nord du quartier qu'est établie la gare ferroviaire du midi. Ce qui stimule l'urbanisation du sablar et la construction d'entrepots et d'ateliers. C'est un quartier à forte identité populaire marque par la présence des communautés de bateliers, de tonneliers et de débardeurs. (Christophe Belser, 2009, Dax il y a 100 ans, Éd Patrimoines et médias, à consultar à la bibliothèque de Borda ou à la bibliothèque municipale de Dax)

 

"La rencontre des deux régions économiques en un lieu de jonction protégé ayant un débouché commercial vers l’ouest avec le fleuve a bien évidemment généré l’existence d’un port bicéphale ; au nord, côté rive droite le port de Marensin, au sud, en face, côté rive gauche, le port de la Chalosse. Il avait une double activité A : la vente des produits locaux :au port de Marensin, côté Sablar; le bois de pin, la résine, brais, le goudron, le miel, le seigle, le millet, les moutons,...Au port de la Chalosse, côté cité : le bois de chêne, le vin, les volailles, le blé, les porcs, le bétail (bovins), le bitume,...

B : le péage des produits amenés par le fleuve qui souvent changeaient de mains ; beaucoup partaient vers l’ouest, Bayonne et la mer.

L’importance des marchés est mentionnée tout au long de l’histoire. Au XVIII° siècle, Dax pour l'Intendant d'Étigny est « un grand centre commercial », « un des marchés les plus considérables du royaume ». Il est le marché de la résine : « les berges de l’Adour peuvent recevoir souvent 2500 pains de résine ». « Tout le Sablar est pavé de charrettes qui font transport des matières résineuses (…) les bouviers sont forcés de décharger très loin de l’eau faute de pouvoir s’approcher davantage (…) tant il y a d’embarras par les charrettes. On en compte quatre à cinq cents…».Passent ainsi les trains de bois de la Petite Lande, chargés parfois des petits fûts d’eau de vie d’Armagnac ou de vin de Mugron ou de Hinx.Lorsqu’au XIXe siècle, la distillation permit une utilisation plus rationnelle de la résine, Dax reste le marché de résineux en France, et resta le seul entre les deux guerres. le Sablar vivait intensément. Cette activité a été laminée par la Seconde Guerre mondiale avec l’effondrement de résinage, tué par la chimie de pétrole.  (Wikipedia-Dax) 

 

Le site internet http://www.valdadourmaritime.com/navigation_peche/embarcations.htm donne aussi un ensemble d'information sur les embarcatons de l'Adour

 

Dans cette promenade, on ne peut oublier, les travailleurs quand le Sablar était un port. Louis Larbaight a écrit un magnifique livre de famille sur ce sujet: "Les derniers Gabariers et les derniers pêcheurs de l'Adour" (2000- Marrimpouey - Pau). Fils et neveu des derniers gabariers de l'Adour, il a rencontré et écouté les hommes et les femmes du bord de I'eau pour parler non d'une histoire de pêche et de fret mais  leur travail, leur peine, leurs problèmes et leur joie, bref sur leur vie quotidienne. Vous trouverez ci-dessous quelques extraits citant Dax et Ie Sablar ; lire ce livre en entier est un pur plaisir et une reconnaissance pour celles et ceux qui ont mis la terre et I'eau en valeur pour nos générations. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

..."En 1974, les frères Pierre et Jean Larbaight, de Port-de-Lanne sont probablement les derniers survivants d'une génération de bateliers autrefois nombreuse et prospère. "Lous Galupes de l'Adoue" (Ies gabariers de I'Adour), corporation disparue vers 1930 par suite de la crise économique d'une part et de la concurrence des transports routiers (et ferroviaires) de l'autre...

Dès le 12° siècle ..les bois pour les constructions navales étaient transportés, de l'amont vers l'aval, à Bayonne, soit pour les besoins de cette ville et ceux du Pays Basque, soit pour I'exportation vers l'Angleterre et l'Europe du Nord... La résine, les brais (mot gaulois signifiant boue, résidu de l'évaporation partielle de résine "cuite" c'est-à-dire distillée), le goudron, la cire etaient chargés à Dax. On transportait aussi la pierre, l'ardoise, le bétail, les produits laitiers, les céréales. De Bayonne on remontait jambon, baleine (chair et graisse) morue, sardines et anchois, épices, soies, étoffes, cacao. Toutes ces marchandises étaient acheminées ...par de lourds chariots à mules, à boeufs, à vaches et étaient chargées sur des galupes... quelquefois, un transbordement de petites aux grandes galupes avaient lieu à Dax ou à Port-de-Lanne pour permettre, une rotation plus rapide des petites galupes...

On peut situer à la fin du 17° siècle et au début du 18° la création des corporations organisées de pécheurs et de gabariers dans le bassin de l'Adour grâce a Colbert qui créa en 1668 l'institution de l'inscription maritime. Le but du grand ministre de Louis XIV était de recenser et de recruter massivement pour une marine royale qu'il allait refaire, des marins professionnels formés. A cette époque, tout ce qui flottait était en bois et se mouvait sur l'eau à l'aviron ou à la voile. Les navires n'étaient pas aussi spécialisés, ni aussi diversifiés qu'ils le furent dès la fin du 19°siecle, avec I'avênement de l'énergie vapeur. Les techniques de navigation, tant fluviale que maritime, présentaient d'étroites analogies. Aussi, lorsqu'un gabarier ... embarquait sur un vaisseau de haut bord de l'escadre de Du Quesne ou de Tourville, n'était-il guère dépaysé dans la manoeuvre, ni dans la vie à bord. En résumé, voici ce qu'était l'Inscription maritime en 1668 et ce qu'elle est encore, à quelque variante près, trois siècles après sa promulgation: Tout homme né à proximite de la mer ... ou d'un fleuve - (pour l'Adour, jusqu'au point terminal sensible à la marée : Le Vimport-Tercis; même condition pour les affluents); tout homme dont les parents tirent leur subsistance de la mer - ou du fleuve -, est « inscrit ». Par ce seul fait, il doit servir Ie Roi, - alias la Nation, c'est même chose, - sur ses vaisseaux, le temps que le Roi voudra. Mais en revanche, tout ce temps là, l'inscrit est payé d'une solde, ou d'une demi-solde, si le Roi surseoit à I'embarquement... Enfin, une retenue de deux pour cent sur la solde permettra au marin retiré du service d'être un rentier, à l'abri de la misère. II percevra la « pension d'invalidité de la marine» à partir de l'âge de 50 ans, s'il justifie de 25 années de navigation, soit de 25 annuités de versements ou de 300 mois. C'est la première fois qu'est apparue en France la notion d'assurance sociale et qu'a fonctionné une Caisse de retraite. L' «inscrit» non officier, devait donc demeurer en disponibilité permanente pour la « Royale» jusqu'à l'âge de 48 ans. Mais en dehors des embarquements sur les vaisseaux de guerre, c'est-a-dire, notamment pendant les périodes de paix, il rembarquait à la pêche ou au Commerce, cotisant toujours pour sa retraite et il pouvait exercer sa profession, légalement protégé par des textes qui réglementaient sévèrement la pêche et la navigation. Entre 1875 et 1900 des gabariers remontait encore assez aisément l'Adour. .. avec de petites galupes de 10 tonnes ..dont les chargements de vin, eau de vie, céréales, bois à bruler ou bois en grume étaient transbordés à Dax ... sur des galupes plus grandes. On ne se contentait pas de transporter des marchandises. Mais pour la remontée du fleuve depuis Bayonne le halage par un animal ou par les gabariers eux-mêmes ou par des "chirgaïres" (métayer du bord de I'eau) etait nécessaire. En amont de Dax, la navigation ayant lieu surtout I'hiver par fortes eaux et forts courants, deux attelages de boeufs étaient nécessaire. Exceptionnellement, le remorquage se faisait au moyen d'un petit vapeur qui tiraient deux gabares en ligne du boucau à Dax.." "Les derniers Gabariers et les derniers pêcheurs de l'Adour" Louis Larbaight - (2000- Marrimpouey - Pau).

  

L'activité fluviale au port du Sablar côté rive droite

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L'activité fluviale au port de Dax côté rive gauche

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"...Le travail des gabarriers :

De véritables villages de bateliers se sont créés ... au Sablar (Dax)... La fin du 18° siècle marque un déclin mais à partir de 1855, le trafic s'accroit et se modifie. On achemine vers le port de Bayonne les richesses nouvelles de la Lande. Il faut rappeler le décret du 18 juin 1857 qui ordonna le desséchement de la région landaise, d'après les expériences et les rapports de Chambrelent, Ingénieur des Ponts et Chaussées à Bordeaux. Les Landes de Gascogne - boisement - furent crées à partir de 1858. Trente ans après, vers 1888, le pin était exploitable : résine et bois. Le Second Empire améliorera la viabilité dansles landes du Sud-Ouest en créant le réseau routier etla voie ferrée Bordeaux-Bayonne et en assurant l'entretien des voies navigables du basin de l'Adour.

Les marchandises les plus couramment  transportées étaient :

- Ie bois en grume, (Les tronçons de bois pouvaient peser une tonne ou plus.). Le chargement se faisait en roulant le bois jusqu'à la gabarre

- les poteaux de mines (de 100 a 500 kilogs chacun) arrivaient par char à mules à Dax. Ils étaient déchargés en vrac le plus près possible de l'eau et selon leur poids portés à I'epaule ou roulés jusqu'à la gabare.

- traverses de chemin de fer en pin ou en chêne.

- la pierre: à batir ou concassée (destinée aux voies de chemin de fer, à la construction des routes)

De 1890 a 1930, le patron gabarier était son propre armateur en même temps qu'il était son propre docker surtout avec les gabares "petites dacquoises" ces gabares de faible tonnage qui assuraient un trafic local. Mais en général les gabariers étaient dans la situation de métayers pour des armateurs fortunés.  Ces hommes, d'un niveau d'instruction égal ou, dans la plupart des cas, inférieur au Certificat d'études primaires, vivaient en harmonie totale avec la nature, s'identifiant a elle et à ses rythmes lents comme celui des marées qui réglaient leur activité ... ils percevaient avec acuité le manège des oiseaux, des insectes, des poissons, le bruissement du vent dans les peupliers ou les saligues et leurs prévisions météorologiques étaient presque toujours infaillibles.

 

L'ECLAIR - Vers 1900, on vit apparaitre dans les eaux de l'Adour, des Gaves Réunis et de la Bidouze un élégant petit vapeur à hélice, acquis par M. Sabarots armateur à Peyrehorade, l'Eclair. Trois hommes : un pilote, un mécanicien, un chauffeur formaient l'équipage. Construit en tole de fer, peint en noir et blanc, ponté, Ie pont protégé par une toile de tente comme un yacht, la cheminée articulée et pouvant se rabattre, ce nouveau visiteur fit sensation et mit le Bas-Adour à l'heure du siècle. La mode en était encore aux figures de proue. L'Eclair avait la sienne : un monstre marin mythologique. Ce bateau moderne allait connaitre, avec des fortunes et des servitudes diverses, une longue carrière qui se terminerait, peu après 1950, aux chantiers de démolition d'Anglet-Blancpignon. Jusqu'en 1914, il assura vaillamment le transport des passagers et de leurs bagages entre Peyrehorade, Bidache, Dax et Bayonne, dans les deux sens, notamment les jours de marché. On entendait de loin son mugissement familier qui laissait échapper un jet de vapeur condensée. Le spectacle de ce coche d'eau au pont encombré de voyageurs: femmes, hommes, enfants, assis sur des sacs de maïs ou de haricots ou accroupis auprès de paniers d'oeufs, de fruits, de volailles et de lapins, ne manquait pas de pittoresque. II est fort regrettable que des caméras et des magnétophones n'aient pu enregistrer les couleurs, les images et les sons de cette concentration d'hommes et de bêtes de la terre, chapeaux de paille, bérets basques, poils et plumes qui allaient à la ville par voie d'eau ! Les opérations d'embarquement et de débarquement étaient plus pittoresques encore car il fallait franchir une passerelle étroite et flexible jetée entre le bateau et la rive ! Dès Ie debut de la guerre de 1914, l'Eclair, ainsi que les flottilles de gabares du Bas-Adour, entra au service de la compagnie « Amirauté Britannique » installée a Bayonne. Le vapeur, devenu remorqueur, assurait une rotation plus rapide des gabares de Dax à Bayonne-Boucau et retour. Quelque temps après la guerre 14-18, il fut racheté par M. Labarrère, armateur et maitre-carrier à Guiche. Et pendant des années et des années on le vit encore remorquant des trains de bachets (bateaux plus petits et étroits que les galupes) chargés de pierres entre Guiche et Bayonne-Boucau. La pierre est toujours exploitée a Guiche pour les besoins de la Cimenterie du Boucau, mais elle est transportée aujourd'hui par des chalands de mille tonnes..." "Les derniers Gabariers et les derniers pêcheurs de l'Adour" Louis Largaight (2000- Marrimpouey - Pau).

"...La guerre de 1914/1918 marque le commencement de la fin compte tenu de la mobilisation des hommes et de l'économie de guerre. Mais la Défense nationale absorbait de grandes quantités de produits résineux. Et les gabarrres reprirent leurs voyages entre Dax et Bayonne. Cette situation prospère se prolongeau quelques temps après 1918... Hélas, vers 1920... des concurrents aux dents longues de scandinavie,du canada, des U.S.A. firent baisser le chiffre de nos exportations tant pour le bois que pour les produits résineux. En 1930 les derniers gabariers traditionnels disparaissent. 

 

Un projet de route touristique Dax-Bayonne

Dans les toutes dernières années qui précédèrent la guerre de 39, et peut-être parce que Ie nombre des congés payés s'accroissait chaque été depuis 1936, M. Eugène Milliès-Lacroix, Sénateur-Maire de Dax et les maires du Bas-Adour ne tardèrent pas à saisir l'intérêt que présentait l'Adour pour un tourisme en plein développement. Ils lancèrent I'idée d'une route touristique Dax-Bayonne qui emprunterait à peu près le tracé du vieux chemin de halage. Pour sensibiliser I'opinion, M.-E. Millies-Lacroix organisa une croisière Dax-Bayonne en gabare à moteur. II invita comme passagers tous les hommes publics des Landes et des Basses-Pyrénées, du Bas-Adour. Le succès de cette expédition originale fut énorme ... mais la route touristique ne vit jamais le jour. ]usqu'en 1854 on vantait les rives et l'abondante navigation fluviale sur I'adour entre dax et bayonne. Mais la voie ferrée s'ouvrait en mars 1855 et les vacances se feront de plus en plus en train..." "Les derniers Gabariers et les derniers pêcheurs de l'Adour" Louis Larbaight  (2000- Marrimpouey - Pau).

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